Monday, June 11, 2018

 

L’amour piqué par une abeille

L’amour piqué par une abeille 

Le petit enfant Amour 
Cueillait des fleurs à l’entour 
D’une ruche, où les avettes 
Font leurs petites logettes. 

Comme il les allait cueillant, 
Une avette sommeillant 
Dans le fond d’une fleurette 
Lui piqua la main douillette. 

Sitôt que piqué se vit, 
« Ah, je suis perdu ! » se dit, 
Et, s’en courant vers sa mère, 
Lui montra sa plaie amère:

« Ma mère, voyez ma main, 
Ce disait Amour, tout plein 
De pleurs, voyez quelle enflure 
M’a fait une égratignure ! » 

Alors Vénus se sourit 
Et en le baisant le prit, 
Puis sa main lui a soufflée 
Pour guérir sa plaie enflée. 

« Qui t’a, dis-moi, faux garçon, 
Blessé de telle façon ? 
Sont-ce mes Grâces riantes, 
De leurs aiguilles poignantes ? 

- Nenni, c’est un serpenteau, 
Qui vole au printemps nouveau 
Avecques deux ailerettes 
Ça et là sur les fleurettes.

- Ah ! vraiment je le connois,
Dit Vénus; les villageois
De la montagne d’Hymette
Le surnomment Mélissette.

Si doncques un animal
Si petit fait tant de mal,
Quand son alène époinçonne
La main de quelque personne,

Combien fais-tu de douleur,
Au prix de lui, dans le cœur
De celui en qui tu jettes
Tes amoureuses sagettes ? »

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